L'affaire Louveau 3/4

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Affaire Louveau (3/4)

Assis à son bureau, Antoine Guédon consulte une dernière fois ses notes avant de se rendre au tribunal pour le procès d'Alexandre Louveau. 

Lors des différents interrogatoires qu'il a mené à Désertines, il a pu constater que tout le village semble d'accord sur un point : Alexandre Louveau est un brave garçon, courageux, droit et bon. Il n'a pas du tout le profil d'un meurtrier. Une deuxième constante, aussi, parmi les témoignages : la nuit du 27 au 28 Mai 1825, Alexandre Louveau était fou furieux, ou du moins, il n'était pas dans son état normal. 

Il retrace le cours des évènements de cette nuit là. 

Au village de Montjean, vers 22h, Alexandre se couche à l'étable, comme toujours. Mais cette fois c'est en hurlant qu'il veut de l'eau de vie car il a mal au ventre. Chantant, criant, il ne se calme que vers les 1h du matin. 
Vers 3h30, alors que la mère Louveau fait boire un veau et que sa bonne traie les vaches, il agresse cette dernière en la tirant violemment en arrière et en la jetant par terre puis il part en courant en direction du village de la Coiffetière, situé à quelques 200m à travers champs. 
Là-bas, il entre dans la maison où se trouvent la femme Foisnet, 58 ans, et sa fille Marie, 28 ans. Certainement tirées du sommeil par l'intrusion, elles se lèvent. C'est alors qu'Alexandre, prenant une petite hache sur le billot près de la porte, frappe Michelle à quatre reprises puis Marie, une seule fois. Les attaques leur sont fatales. Jean Foisnet, le frère de Marie, arrive, attiré par le bruit. Il découvre Alexandre, hache à la main, près des corps. Ce dernier se rue sur lui et Jean ne peut que le désarmer. 



Alexandre s'enfuit alors en direction du bourg de Désertines. Il est alors 4h30 et le périple furieux commence. Il commence avec André Daguier, près du village de la Serrerie, frappé par Alexandre Louveau et menacé de mort. Il lui vole alors une petite faux avec laquelle il allait aux champs.
Viennent ensuite Marie Chartier, au bourg, menacée devant chez M. Guerin, elle n'échappe aux coups que grâce à la présence d'esprit de ce dernier qui la fait entrer et ferme la porte aussitôt derrière elle. Ils entendent la faux se planter dans le chambranle de la porte un instant à peine après qu'elle se soit fermée. 
La course reprend, François Badier, 10 ans, qui partait travailler aux champs est également menacé et frappé par Alexandre Louveau. C'est l'intervention de M. Le Pourreau qui le sauve et fait fuir le forcené. Vers 5h30, il s'en prend à Henri Durand, 18 ans et Michel Poitevin, 35 ans, près du lieu dit de Launay. Les hommes du village alertés par les cris et prévenus de ce qui se passe, parviennent enfin à arrêter Louveau et à l'attacher. 
On l'installe dans une maison en attendant la gendarmerie de Gorron, qu'un villageois est allé prévenir. 

Lorsque le docteur Le Tourneux, le juge de paix Hossard et son greffier arrivent sur place pour constater les meurtres il est déjà près de 8h et Alexandre est toujours furieux. Il tient des propos qui ne semblent pas cohérents. Il parle d'une somme de 2400 Francs que les Foisnet auraient volé à son père et qui aurait motivé son crime. Lorsque les brigadiers le sortent de la maison, il tente de frapper sa tête contre un mur et dit qu'il veut se tuer. En route, il se plaint à un des gendarmes qu'il a un cheveu sur la langue et lui demande de le retirer, ne pouvant le faire lui-même à cause de ses mains entravées dans le dos. Le brigadier ne le fait pas, de peur de se faire mordre. Tout le long de la route de Désertines à Gorron, Louveau continue son bavardage délirant, plus encore lorsqu'il voit une femme. Il dit avoir été volé de 5000 Francs, puis de 3000 Francs, par un homme d'Angers qui l'aurait saoulé. 

Le dossier est épais et la liste des témoins retenus pour l'audience comporte pas moins de 16 noms. Le procureur n'a gardé que les témoins les plus édifiants, les plus directes. Il a épargné les parents d'Alexandre ainsi que le père de Marie Foisnet. 

Le procès commencera bientôt. Mais Maître Antoine Guédon sait déjà quel en sera le verdict. 



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