Il y a 100 ans... 12 Juillet 1911

12 Juillet 1911

Alors qu'une vague de chaleur importante, véritable canicule, commence à envahir la France, que les tensions au Maroc se font de plus en plus fortes après le coup d'Agadir et que la grève dans les métiers du bâtiment fait les gros titres, c'est une toute autre affaire qui préoccupe Marie Rosalie EVRARD

Marie à 34 ans. Elle n'est pas encore mariée, mais elle vit déjà depuis plusieurs années en concubinage avec Eugène BOUSSE, un journalier de mauvaise réputation. Elle même vient d'ailleurs de sortir de 8 jours de prison, dont elle a écopé pour une tentative de vol d'un pièce de 5 Francs et elle n'est rentrée à Andouillé que depuis 3 semaines.



Elle a déjà trois enfants, qu'elle a confié, à chaque fois dès la naissance, aux bons soins,  de l'Assistance aux enfants. Eugène Marie est son 4ème enfant et c'est le seul qu'elle a gardé avec elle. Il n'est pas encore reconnu. Il le sera dans quelques mois, lors du mariage de ses parents. 

C'est lui, aujourd'hui, qui amène à nouveau Marie devant le tribunal de première instance de Laval. Je n'ai pas pu trouver le dossier complet de cette instruction mais j'ai trouvé un extrait de jugement suffisamment éloquent. 

Marie est là, à la demande du Procureur de la République, qui requiert la déchéance de la puissance paternelle de Marie EVRARD. 

Qu'est ce qui a bien pu se passer pour en arriver là ? 

Eugène Marie EVRARD (futur BOUSSE) est né le 26 Mars 1902 à Mayenne,  enfant naturel, il n'est reconnu par sa mère que le 6 janvier 1910*. En 1911, il va avoir 9 ans et il est déjà sous le coup d'une information judiciaire pour attentat aux mœurs. 

L'enquête à établit qu'il a plusieurs fois entrainé les petits enfants du coin dans les champs pour se dévoiler nu devant eux et qu'on l'a aussi vu plusieurs fois couché, à moitié dénudé, sur une petite fille. La justice estime donc qu'il s'agit là des conséquences manifestes de la mauvaise éducation qu'il a reçu et précise que c'était à prévoir, "la mère étant d'une probité et d'une moralité douteuse, elle vit en effet en concubinage et a été dernièrement condamnée pour vol". 


Qualifiée de "mère indigne" par le tribunal de Laval, Marie perds son autorité parentale sur ses enfants nés ou à naître. Eugène est confié à la société de patronage des condamnés libérés et de l'enfance en danger moral de Laval. 

Est-ce cette condamnation qui pousse Marie à épouser Eugène en décembre de la même année ? Peut-être pour tenter d'être dans une situation plus acceptable pour la société ? 

Le cas de Marthe

Si la situation pour Eugène est claire. Elle est encore mystérieuse en ce qui concerne Marthe qui naitra en 1919. D'après les recensements en ligne, elle est restée et a été élevée par ses parents. Jusqu'à la mort de Marie en 1929 au moins. Mais pourquoi ? Puisque le jugement précise bien qu'il s'applique aussi aux enfants à naître ? Est-ce ce fameux mariage qui rétablit la balance pour Marie et la rend plus honorable aux yeux de l'assistance ? Ou est-ce la guerre qui, par un quelconque effet, laisse Marthe avec sa mère ? 



* l'acte de reconnaissance n'est pas dans les registres d'Andouillé, ni de Mayenne en 1910

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