Souvent qualifiée de tête en l'air quand j'étais petite, j'essaye de me forcer à être plus… méticuleuse quand je fais de la généalogie. Et pourtant, récemment, je me suis rendue compte que j'avais peut-être mal lu un document une bonne centaine de fois…
Je m'explique. Je vous avais parlé ici de mon AAAGrand-père, Ernest Evrard. et je vous avais présenté le procès verbal de sa découverte au tour de l'hospice de Laval, en 1831.
PV Ernest Evrard |
Pourquoi je vous le remets ? Eh bien, à cause de ces mots :
J'ai un doute. Un très sérieux doute. Ce "D'arcourt" m'intrigue. Pourquoi ? Parce que pendant longtemps, j'ai pensé qu'il s'agissait de la signature du rédacteur du procès verbal. A cause notamment de ça :
Mais lorsque j'avais demandé au fil d'ariane les documents concernant Ernest, sur une des photos qui m'avaient été envoyé par le bénévole (en 2015) il y avait aussi le procès verbal de l'enfant précédent dans le registre. Et il n'est pas signé. Pas du tout. Ni par un nom, ni par une signature.
Registre des Procès verbaux d'enfants trouvés |
Du coup… ce "zigouigoui" ne pourrait-il pas être la signature (recopiée) de la mère d'Ernest ?
De plus, si je regarde la ponctuation, il n'y a pas de point entre Evrard et D'arcourt... mais il y en a un après D'Arcourt.
En ce cas, cela signifierait que Ernest EVRARD aurait dû se nommer Ernest Evrard D'ARCOURT.
En soi, cela n'aurait surement pas changé sa vie, ni la mienne qui ait porté le nom EVRARD jusqu'à mon mariage il y a quelques années. Mais je pense que ça donne des indices sur la mère biologique d'Ernest : si elle écrit et signe (rappel : on est en 1831) elle a déjà une certaine éducation*. Ensuite, si elle donne ce nom et signe D'A, c'est que c'est le nom qu'elle porte : soit son nom de naissance, soit son nom d'épouse.
Selon l'étude de Jean-Pierre Pelissier et Danièle Rébaudo, seul environ 33 % des femmes savent signer en 1831. Toujours selon ces recherches, le taux d'illettrisme des femmes en Mayenne, entre 1823 et 1842, est très élevé (plus de 70 % des femmes ne savent pas écrire). J'aurais donc tendance à en conclure que la maman n'est pas du département.
En soi, cela n'aurait surement pas changé sa vie, ni la mienne qui ait porté le nom EVRARD jusqu'à mon mariage il y a quelques années. Mais je pense que ça donne des indices sur la mère biologique d'Ernest : si elle écrit et signe (rappel : on est en 1831) elle a déjà une certaine éducation*. Ensuite, si elle donne ce nom et signe D'A, c'est que c'est le nom qu'elle porte : soit son nom de naissance, soit son nom d'épouse.
Source : Une approche de l’illettrisme en FranceJean-Pierre Pélissier et Danièle Rébaudo |
Une approche de l’illettrisme en France par Jean-Pierre Pélissier et Danièle Rébaudo |
Est-ce que ça ouvre des portes ? Pas vraiment, une rapide recherche sur généanet m'apprend qu'il y a peu de famille "D'Arcourt" et qu'elles ne sont pas dans la Mayenne. On sait que les femmes venaient parfois accoucher loin de chez elle afin de cacher la naissance d'un nouveau-né non désiré, hypothèse qui pourrait être validée par la carte ci-dessus, les départements 50, 61 et 72, limitrophes de la Mayenne ayant un taux d’illettrisme bien inférieur.
Si il s'agit bien de son nom et de sa signature, cela indique-t-il qu'elle souhaitait pouvoir retrouver facilement son enfant en lui donnant ce nom de "D'Arcourt" ? Auquel cas, ses tentatives risquaient de se voir largement plus difficiles à cause même de l'état civil…
Si il s'agit bien de son nom et de sa signature, cela indique-t-il qu'elle souhaitait pouvoir retrouver facilement son enfant en lui donnant ce nom de "D'Arcourt" ? Auquel cas, ses tentatives risquaient de se voir largement plus difficiles à cause même de l'état civil…
J'ai déjà lu sur les généablogs ce cas d'un nom donné différent entre la demande de la mère et l'état civil mais je n'en comprends pas la raison. Était-ce une façon de punir les mères qui abandonnaient leurs enfants ? Si quelqu'un en connait la cause, je suis impatiente de lire votre commentaire !
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